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 HONNEUR & RECONNAISSANCE AUX SAUVETEURS

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2 participants
AuteurMessage
jean-claude Glatin

jean-claude Glatin


Messages : 16
Date d'inscription : 25/11/2007
Localisation : 02-Château-Thierry

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MessageSujet: HONNEUR & RECONNAISSANCE AUX SAUVETEURS   HONNEUR & RECONNAISSANCE AUX SAUVETEURS Icon_minitimeDim 4 Mai - 21:40

Bonjour à tous et à toutes,

Parmi les oubliés de la Grande Guerre, ceux qui veillaient le long des côtes... Les torpillages furent nombreux, les morts en mer, des milliers...

Voici l'histoire dramatique d'un sauvetage qui dura 3 jours

26 au 28 janvier 1917, LE DRAME DU CANOT DE SAUVETAGE DE L'ILE D'YEU - Le Paul-Tourreil

Il appartient aux "Hospitaliers Sauveteurs Bretons (H.S.B.)" parmi les ancêtres de la S.N.S.M. - Histoire tirée des annales des H.S.B.
Le canot est récent (1913) il est encore propulsé à la voile et aux avirons.
Type "Augustin Normand" de 9,80 m x 2,60 m, à grande stabilité, ce qui se fait de mieux en 1913.

26 janvier, 11h. Le sémaphore de Port-Joinville signale une embarcation, paraissant contenir 7 hommes, en détresse, à 3 milles dans l'Ouest.

Le Patron (du canot de sauvetage) est un homme de 52 ans de santé solide et de grande expérience de la mer: Noé Devaud, il s'active à rassembler un équipage. Tous les jeunes, inscrits sur la liste des canotiers réglementaires, sont mobilisés. Il ne trouve, parmi les canotiers que 3 anciens d'expérience. Il s'agit de:
Pierre Girard, 54 ans
Pierre Pelletier, 46 ans, 2 enfants
Emmanuel Turbé, 30 ans, 5 enfants, réformé définitif, de retour du front

Des volontaires se présentent:
Adolphe Izacard, 44 ans, 7 enfants
Edmond Pillet, 50 ans, 6 enfants et en attente d'un septième, c'est le beau-frère du Patron.
Emile Pillet, 49 ans, 7 enfants
Joseph Renaud, 26 ans, réformé pour grosse malformation des pieds
Alexandre Gouillet, 16 ans, pas encore mobilisé
Olivier Plessis, réformé, père de famille
Baptiste Tonnel, 48 ans, 5 enfants
Armand Taraud, 47 ans, (vrai bourlingueur)

On attend que le flot monte pour lancer le canot, les ceintures sont capelées, à 13h.30, mise à l'eau, et le canot passe les jetées à l'aviron...

Le vent souffle de Sud-Est, la voilure est hissée. Une fois le Nord de l'île contourné, le canot fait route plein Ouest pour trouver la baleinière en péril. Elle est repérée et atteinte 2 heures après. Sept naufragés norvégien dérivent à bord, rescapés du torpillage du vapeur norvégien Ymer, qui a eu lieu Trois jours avant... Ce n'est que la moitié de son équipage, l'autre baleinière contenant la deuxième moitié ne sera jamais retrouvée.

Les 7 hommes sont recueillis dans un triste état, à bout de forces, terriblement marqués par la faim et surtout par le froid, qu'ils supportent depuis 3 jours. Un doigt de rhum et des biscuits leur font grand bien (dit le rapport). Le Paul-Tourreil revient un peu à l'abri de l'île pour doubler la pointe Nord. Puis c'est une route pein Est qu'il faut faire et, contre le vent qui alors fraîchit.

26 janvier - 17 heures, Le courant s'est renversé et s'oppose alors au canot. Maintenant les hommes sont aux avirons et fatiguent contre le vent et les courants.
Devaud, décide de mouiller l'ancre afin d'attendre la renverse de courant, l'heure de cette renverse lui est connue.
Le vent fraîchit encore, la mer se creuse, les hommes immobiles souffrent du froid...

Au sémaphore, on a compris la manoeuvre et on ne s'inquiète pas trop; Mais la nuit tombe et, cette fois c'est la tempête qui se lève.
Au mouillage, le canot fait des bonds sous l'effet de la houle et des déferlantes, les hommes sont fouettés par les embruns et par la pluie glaciale (on aura compris que le canot n'est pas ponté).

Tout-à-coup, le cablot de l'ancre casse sous l'effet des frottements sur les roches du fond, et aussitôt le canot est emporté par le vent violent, les malheureux se retrouvent au large.
Vite ! aux avirons, il faut essayer de se maintenir sur place ! Mais rapidement, les hommes, le ventre creux, pris par le froid (il fait -10° précise le rapport); ils n'en peuvent plus.

Devaud comprend alors qu'il est désormais impossible de revenir à l'île d'Yeu. Bien vite, le phare devient invisible. Il faut hisser grand-voile et misaine dans une mer qui se creuse de plus en plus et qui en plus déferle en permanence dans le canot. Puis, bientôt il faut amener (descendre) la misaine, car le canot gîte et a du mal à se redresser. Le canot, de plus en surcharge, les 12 canotiers + les 7 naufragés, est enfoncé dans l'eau et les soupapes d'assêchement fonctionnent mal, leurs grilles sont obstruées par les hommes affalés, le matériel sous les coups de mer se promène dans le fond de l'embarcation, les filins sont emmêlés etc. Par moment, les canotiers sont dans l'eau jusqu'aux cuisses. A terre, au cours de cette terrible nuit, le thermomètre descend jusqu'à -15° (rapport).

27 janvier - Devaud estime qu'on ne peut plus faire route (c'est à dire dans une direction donnée). L'ancre flottante est mise en place par l'arrière et le canot en fuite (c'est-à-dire se laissant emporter par le vent)
Ancre flottante: dispositif souvent constitué par des espars soutenant un cône tronqué de toile et maintenu entre deux eaux fait le même effet qu'un parachute et maintient l'arrière face à la lame tout en ralentissant l'embarcation de manière à lui éviter, par sa vitesse d'aller enfourner dans la vague."

Depuis longtemps maintenant, avec la force de la tempête et le vent violent, le fanal s'est éteint dans son seau. La mort a frappé: 2 des norvégiens qui en sont à leur troisième nuit de vent glacial et aussi Adolphe Izacard.
La mer maintenant devient énorme, l'ancre flottante est arrachée. Rapidement les valides la remplacent par la "drome" (deux mâts et un aviron liés ensemble et filé par l'avant) Ce sont des manoeuvres classiques de gros mauvais temps encore utilisées aujourd'hui.

Le jour se fait peu à peu et le canot capeye ainsi (maintenu l'avant face au vent, il est dit "à la cape sèche"), des rafales de neige sont apparues et toujours un froid atroce, mortel. Les hommes sont assis, pour la plupart, non sur les bancs mais sur les pontages plus bas et prostrés, et la journée se passe ainsi....

Une nouvelle nuit commence. Le feu de Belle-Ile est visible (on voit le chemin de l'île d'Yeu à Belle-Ile) et permet à Devaud de connaître à peu près sa position. Deux autres norvégiens meurent de froid et d'épuisement. Et le vent qui hurle et la mer qui tape....

28 janvier, - La nuit est terrible. Pierre Pelletier, le Sous-patron va mourir.
Devaud sent qu'il faut coûte que coûte arriver à terre et certains arrivent à trouver encore la force et le courage, soutendus par une volonté farouche, malgré leurs mains glacées et devenues insensibles de ramener la "drome" à bord, de mettre en place mâture et voilure, hisser la toile et la border etc...

Le canot est maintenant sous voiles, mais sous misaine seule (voile d'avant) dans laquelle on devra bientôt prendre un ris (dispositif réduisant sa surface portante). Le canot file bon train vers le Nord, constamment noyé par les embruns. Pierre Pelletier et Armand Taraud meurent, suivis d'un cinquième norvégien. L'un des frères Pillet est très mal.
Inébranlable, Devaud, comme un roc, tient toujours la barre. Il sait maintenant que Belle-Ile ne peut plus être atteinte et que l'île de Groix est encore loin dans le Nord-Est. Devant lui, déjà 7 morts sont soudés par le froid. La journée est longue, longue....

Groix est bientôt sur tribord arrière et l'archipel des Glénans se devine à gauche de l'étrave. Devaud sait qu'il faut qu'il maintienne, malgré le temps, son cap et sa vitesse, car la côte du Finistère ne peut être que devant lui. Joseph Renaud meurt à son tour à l'avant.

Le soleil se montre un peu, pas assez pour les réchauffer. On établit la grand-voile, mais le canot se montre trop toilé, malgré que le vent ait un peu molli.

Enfin la terre est là. Devaud reconnait cette île inhabitée: l'Ile Verte, il l'évite. A l'îlot de Raguenès, Le dénommé Jean Marrec qui y habite aperçoit le canot et lui indique l'endroit où aborder.

Les canotiers touchent enfin terre. Un norvégien, le lieutenant descend le premier et se traîne vers l'hôtel, là à 600 mètres. Devaud débarque en second et aide les autres. Les frères Pillet sont mourants, l'un décède le jour même, l'autre, dix heures plus tard...

Le lendemain, les 9 cadavres, soudés par la glace dans le fond du canot, sont pieusement recueillis.
BILAN: 6 canotiers sur 12 ont péri laissant 23 orphelins et 5 norvégiens sur 7 ( je ne connais rien d'eux)
Au mois de mai, les corps sont ramenés à l'île d'Yeu, au cours d'une cérémonie émouvante.
En juin, le représentant de la Norvège à Paris, M. Wedel-Jarlsberg, vient saluer les familles et remettre aux survivants des médailles d'or, qui s'ajoutent aux médailles françaises, ainsi que des aides financières rendues possibles par une souscription nationale à laquelle le peuple norvégien a répondu avec générosité.

A Port-Joinville, à quelques mètres de l'abri du canot de sauvetage, un monument offert par la Norvège, rappelle cette terrible histoire de 1917.

En 1953, le nouveau canot de sauvetage, un solide bimoteurs de 13 mètres, reçoit le nom de Patron-Noé-Devaud

J'en ai fini avec ce que j'ai appris sur ce terrible événement et, au moment du 90ème anniversaire, associons tous ceux-là, oubliés, à nos oeuvres de mémoire - Je vous en remercie au nom de tous les sauveteurs, souvent absents des chroniques.
Jean-Claude Glatin
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Gilles ROLAND

Gilles ROLAND


Messages : 20
Date d'inscription : 16/12/2007
Localisation : Fontenay sous bois

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MessageSujet: Re: HONNEUR & RECONNAISSANCE AUX SAUVETEURS   HONNEUR & RECONNAISSANCE AUX SAUVETEURS Icon_minitimeMar 6 Mai - 19:52

Bonjour à tous,

Merci Jean-Claude pour ce récit.

Amicalement

Gilles
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